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11 août 2022
La processionnaire du chêne
ou l’art de l’urtication
La Processionnaire du chêne n’est pas urticante par dépit ou désœuvrement, loin de là. C’est pour elle un outil de défense très au point. Que l’on s’entende bien, la chenille est manifestement bien poilue mais ce ne sont pas ces longs cils qui recouvrent son corps qui posent problème. Lorsqu’un importun se présente, elle contracte des vésicules réparties sur sa peau et libère dans l’air en direction de la source de stress des poils, invisibles à l’œil car microscopiques, appelés miroirs. Ce sont de petits harpons qui se déposeront sans mal sur votre peau et que le frottement des vêtements ou vos mouvements y planteront sans mal. Les poils en se rompant libèrent une protéine qui provoque sous quelques minutes une démangeaison et des papules, sorte de « boutons » plus ou moins larges et marqués.
La situation des lésions, aux emmanchures, au col, limites de chaussettes ou de montre au poignet amène parfois un diagnostic erroné d’aoûtats. Car eux sont des acariens parasites de l’homme et des animaux qui s’installent sur la peau et s’y nourrissent. Ils apparaissent plus tard en saison, en août si l’on en croit leur joli nom, après un séjour sur l’herbe ou dans une végétation herbacée haute. Ils aiment profiter d’un véhicule comme un chien ou un chat qui peuvent les ramener dans la maison et, très aimablement, les transférer à leur propriétaire !
Là, nos chenilles libèrent leurs poils dans l’air en cas de stress. En plus des agressions avérées, les temps orageux, les pressions atmosphériques contrastées, le vent comme ce lundi ou ce mercredi, sont pour elles des motifs de « largage » aigu. Nous avons pu observer que les poils sont fixés par l’électricité statique et les surfaces qui en accumulent sont à surveiller spécifiquement (mobilier de jardin en PVC, sacs de terreau, portes et fenêtres en PVC, poignées sur la voiture ou joints de ses fenêtres). L’idéal est alors de les rincer à l’eau courante pour ramener au sol ces cruels petits miroirs.
On se méfiera actuellement des vieux nids qui étaient fixés sur les troncs et les grosses branches. Ils se décrochent parfois à la faveur du vent et restent des vecteurs d’urtication très importants. A ma connaissance, les harpons restent très longtemps urticants et l’année suivante, des réactions cutanées restent possibles avec des poils abandonnés depuis plus d’un an par leur ancienne propriétaire, peu soigneuse de ses effets personnels.
Compte tenu de la taille des miroirs évoqués, l’œil, la gorge, les poumons, les lèvres, l’intérieur de la bouche, la peau en général, tout est réceptif et la gêne est durable. Une fois la papule disparue après 2 ou 3 jours, vous ressentez encore la démangeaison une semaine plus tard.
Les chiens, chats, rongeurs, chevaux sont, de ma propre expérience, aussi dérangés que nous pouvons l’être. Les oiseaux y semblent, une chance pour eux, insensibles. C’est pour cela qu’il faut les favoriser au jardin lorsque la processionnaire s’y invite. Les insectivores peuvent réduire les populations de ces malotrues ! Nichoirs, abreuvoirs en période sèche et distributeurs de graines et de graisse sur les périodes froides pourront les inciter à s’installer pour ensuite de régaler de ces larves indésirables !